Oliver Twist

Oliver Twist
de Roman Polanski

Nous offrant en 2002 Le Pianiste, un véritable chef d'oeuvre, d'ailleurs primé de la Palme d'Or au festival de Cannes, le cinéaste polonais Roman Polanski se faisait de plus en plus attendre quant à la réalisation d'un nouveau film. Néanmoins, les cinéphiles, habitués à une attente relativement longue entre chacun de ses films, s'impatientaient discrètement en ce qui concerne le dernier projet du réalisateur.
Ce projet a étonné bon nombre d'entre eux, sachant que son dernier film est l'adaptation des aventures de Oliver Twist, imaginées par l'auteur Charles Dickens, et semble à priori un film visant les enfants, alors que le cinéaste nous avait proposé jusque là des films très sombres et aux thèmes qui le sont, bien souvent, tout autant.

Oliver Twist apparaît tout d'abord comme une adaptation très fidèle de l'oeuvre de Charles Dickens, bien que quelques éléments soient absents dans le film. Néanmoins, un livre reste toujours difficile à adapter à l'écran et lorsque l'on s'y rapproche un maximum, l'on peut déjà amplement se satisfaire. De ce fait, au niveau du scénario, l'ensemble est assez proche du livre et nous propose de suivre des aventures prenantes mettant en avant un jeune orphelin au destin tumultueux.

Pourtant, malgré un scénario bien travaillé, le film souffre d'un rythme de narration inégal qui alterne avec maladresse entre les moments plats et les passages captivants. Le spectateur risque, ainsi, d'avoir du mal à accrocher au film parce qu'à chaque fois qu'il est ancré dans l'ambiance, les passages ennuyeux et les autres pompeux l'empêchent de se passionner par le film, ce qui rompt toute possibilité de suivre avec une certaine intensité l'ensemble du récit. Bien heureusement, le ton humoristique, les personnages attachants et les quelques situations très prenantes évitent que l'on se désintéresse totalement du film, surtout que la plupart des gens ont lu ou vu les aventures de cet orphelin.

L'enjeu de ce film est double parce qu'il s'agit d'intéresser le spectateur avec un thème abordé maintes fois au cinéma, mais également de faire preuve d'innovation pour ne pas le désintéresser avec une impression de déjà vu trop importante. Malheureusement, le cinéaste ne fait pas véritablement preuve d'originalité dans ce film et n'apporte que brièvement sa vision personnelle de l'oeuvre. On se retrouve ainsi devant un film qui n'a pas véritablement de profondeur et surtout qui semble d'une grande limpidité, ce qui ne convient aucunement à une oeuvre de Roman Polanski. Le principal défaut du film apparaît donc dans le fait que le livre soit retranscrit de manière un peu trop impersonnelle et qui ne laisse pas de place à la vision du cinéaste qui ne semble d'ailleurs pas s'être beaucoup investit.

Pourtant, l'univers de cette nouvelle adaptation de Oliver Twist est bien plus sombre que celle des films précédents. On y perçoit, donc tout de même, la patte du réalisateur qui dépeint une avec un certain pessimisme et dénué d'humanité les hommes et retranscrit à la perfection les mentalités très corrompues de l'époque et la façon dont certains enfants étaient traités. Le ton humoristique est certes présent, mais il n'épargne pas la dureté de la vie à l'époque, largement montrée par l'absence de couleurs vives et de sourires sur les visages, mais il permet aussi de mettre en évidence et sans trop de brutalité, le quotidien assez violent d'une grande catégorie de la population pauvre et moyenne, dont Oliver Twist se présente comme un représentant directe.

D'autre part, bien que les acteurs interprètent tous, de façon très crédible, leurs rôles avec notamment Barney Clark qui se montre assez impressionnant dans le rôle de Oliver Twist, les personnages ne sont malheureusement pas assez approfondis au niveau de leur personnalité et manque cruellement de profondeur. On est ainsi jamais véritablement touché par les personnages et l'on reste même très souvent indifférent à certaines de leurs réactions. On peut néanmoins se conforter dans les jeux des acteurs tous brillants, bien que Ben Kingsley (La Liste de Schindler, L'Enfer du devoir) finisse parfois par agacer à force d'en faire des tonnes.

Malgré ses quelques défauts, Oliver Twist se révèle comme une oeuvre remarquable qui séduit le public, notamment grâce à son esthétique remarquable et simplement magnifique. On y découvre ainsi la ville de Londres plongée au XIXème siècle parfaitement retranscrite et tout aussi belle et soignée que la photographie sombre et sublime. De plus grâce à de très beaux effets numériques et des décors impressionnants, on se croirait véritablement à l'époque et si le film peine légèrement sur le fond, sur la forme il tente d'atteindre la perfection.

Finalement, Oliver Twist s'accompagne d'une bande originale sublime composée par Rachel Portman (Le Chocolat, Le Sourire de Mona Lisa), qui retranscrit parfaitement l'ambiance du film et dont on ne veut pas louper aucune note de musique.

Genre : Aventure, Drame
Synopsis : Dans un orphelinat de l'Angleterre victorienne, Oliver Twist survit au milieu de ses compagnons d'infortune. Mal nourri, exploité, il est placé dans une entreprise de pompes funèbres où, là encore, il ne connaît que privations et mauvais traitements. Oliver endure tout, jusqu'au jour où une provocation de trop le pousse à s'enfuir vers Londres.
Épuisé, affamé, il est recueilli par une bande de jeunes voleurs qui travaillent pour le vieux Fagin. Entre Dodger, Bill, Nancy et les autres, Oliver découvre un monde cruel où seules comptent la ruse et la force.
Arrêté pour une tentative de vol qu'il n'a pas commis sur la personne de Mr. Brownlow, Oliver ne trahit pas sa bande et s'attire la bienveillance du brave homme. Mais Fagin et Bill ne tardent pas à remettre la main sur lui et l'obligent à participer au cambriolage de la demeure de son bienfaiteur...
Durée : 2h05
Sortie cinéma française : 19 octobre 2005
Nationalité : Film britannique, français, tchèque, italien
Tous publics
Site officiel

Pour son retour derrière la caméra, Roman Polanski signe un film tout à fait réussi, mais loin d'atteindre le talent dont il a déjà fait preuve dans bien d'autres oeuvres.
Le nouveau film de Roman Polanski se dévoile comme l'une des adaptations la plus prenante, la plus touchante et surtout la plus sombre du roman de Charles Dickens. Mais il reste cependant une oeuvre qui ne se montre pas la hauteur du réalisateur, qui ne semble pas s'être investit pleinement en proposant un film bien trop classique, pas assez approfondi et surtout dont les idées et la manière de penser du cinéaste ne sont pas suffisamment abordées et incluses au récit.
Oliver Twist demeure néanmoins une oeuvre d'une qualité visuelle indéniable dont on reste ébloui par beauté de l'image.

Note film : 3/5