Un beau petit film français!

Je ne suis pas là pour être aimé
de Stephane Brize

Le cinéma français résiste toujours et encore à l'envahisseur hollywoodien qui ne cesse de produire des films à la chaîne et dont les principales préoccupations demeurent la rentabilité et le profit. Il est ainsi très agréable de trouver au beau milieu de ce cinéma conformiste et conventionnel, quelques oeuvres américaines indépendantes telles que Sideways ou Broken Flowers ou quelques films nationaux que le cinéma outre-atlantique est incapable de nous offrir.
Je ne suis pas là pour être aimé, deuxième long métrage du cinéaste Stephane Brize, entre dans la catégorie des films français qui se distinguent énormément de ces films hollywoodiens, mais qui s'éloigne également du cinéma national visant un très large public.

De plus, la réalisation se révèle très belle et très soignée et s'accompagne d'une photgraphie sobre, emprunt d'une certaine tristesse et grise, ponctuellement parsemée de couleurs vives pour imprégner le spectateur de l'état d'esprit des personnages qui vivent dans d'abord dans la monotonie et le mal-être, ensuite rompus par une passion amoureuse qui s'installe entre les deux personnages. Cette passion exprime également la possibilité de rompre avec la vie de tous les jours et la routine, souvent déprimante, pour laisser place à la tentative de trouver le bonheur.

Je ne suis pas là pour être aimé apparaît comme un petit bijou du cinéma français dont les nombreuses qualités méritent largement que l'on s'y intéresse. Si le scénario, mettant en avant deux personnages qui tombent amoureux par le plus grand des hasard, ne semble guère original ni réellement très recherché, le film n'en reste pas moins un film qui captive le spectateur dès le début. D'ailleurs, le réalisateur n'a pas la prétention de nous offrir un moment d'innovation cinématographique dont on serait surpris toutes les cinq minutes. En effet, Stephane Brize se contente de narrer une histoire dénuée de rebondissement, simple et menant le spectateur dans une direction déterminée sans vouloir l'étonner par une éventuelle nouvelle tournure. Néanmoins, le charme de ce film réside dès le départ dans ce scénario emprunt d'une grande simplicité, mais qui ne tarde pas à passionner le spectateur d'autant plus que cette simplicité est la signature du cinéma français intimiste.

Grâce à son histoire se déroulant avec une certaine fluidité, mais également grâce à une beauté scénaristique, le spectateur s'imprègne, dès le début du film, d'une grande émotion qui le touche profondément. Si le spectateur se passionne tant par le film, cela est notamment la conséquence des personnages touchants auxquels on s'attache rapidement. Le spectateur s'attache énormément à ces personnages, parce que chacun d'entre eux bénéficie d'une psychologie très approfondie dont chaque détail de leur personnalité est évoqué sans pudeur, mais également avec beaucoup de justesse et de justesse. Le cinéaste dresse donc avec beaucoup d'émotion et de tendresse, un portrait sincère des personnages, ce qui touche intensément le spectateur. Cette authenticité de la personnalité des protagonistes implique que l'on découvre les rares joies et les colères des personnages, ainsi que la prédominance de mal-être et de mélancolie qui règnent en chacun d'eux.

La réussite du film passe encore par la grande place accordée aux rapports entre les personnages et aux relations humaines qui s'approprient d'ailleurs le principal intérêt de l'oeuvre. Cette importance des relations humaines amplifie l'émotion du film et ne manque pas de toucher d'autant plus le spectateur qui s'émeut devant la beauté de la relation entre les deux personnages et qui suit, avec tendresse, la difficulté de communiquer et de se parler au sein d'une même famille. Les relations plus ou moins difficiles à installer traduisent la grande complexité qui persiste en chacun des personnages, résultant d'une vie morose et monotone qui empiète sur la possibilité de vivre pleinement. On découvre ainsi un ton dramatique très présent dans lequel l'on peut percevoir un appel au secours demandant comment retrouver l'amour, comment retrouver le bonheur et surtout comment éviter la solitude.

Cette solitude, accompagnée de la peur de mourir seul qui s'illustre au travers de l'homme qui meurt à la maison de retraite, sont abordés avec beaucoup d'attention et montre encore une facette des personnages. On comprend ainsi que derrière les humeurs moroses et l'impossibilité de sourire, se cache cette peur de la solitude et un refoulement des sentiments, qui une fois extériorisés, arrivent à détendre les rictus jusque là immobiles. Tout ceci nous offre une oeuvre d'une forte intensité émotionnelle, qui est amplifiée par des acteurs sensationnels qui rivalisent de talent.

Patrick Chesnais (Mariage mixte, Tu vas rire mais je te quitte) incarne avec beaucoup de tendresse et d'émotion un cinquentenaire désabusé qui retrouve le goût de la vie grâce au personnage interprété par Anne Consigny (L'Equipier, 36 quai des orfèvres). L'actrice est tout simplement sublime et séduit déjà le spectateur par son charme envoûtant et par son sourire naturel, mais épate encore le spectateur grâce à son charisme et à sa prestation juste et touchante. Les deux acteurs interprètent un couple qui véhicule beaucoup d'émotion et laissent comprendre beaucoup de choses alors que les scènes ne reposent non pas sur les mots, mais sur leurs expressions magnifiques qui touchent énormément le spectateur.

De plus, la réalisation se dévoile très belle et très soignée et s'accompagne d'une photographie sobre, grise et emprunte de tristesse, ponctuellement parsemée de couleurs vives pour imprégner le spectateur de l'état d'esprit des personnages qui vivent d'abord dans la morosité et la monotonie, ensuite rompues par une passion amoureuse qui s'installe. Cette passion exprime aussi la possibilité de rompre avec la vie de tous les jours et la routine, loin d'être toujours très joyeuses, pour laisser place à tentative de trouver le bonheur.

De ce fait, malgré un discours pessimiste véhiculé durant tout le film et devant des personnages relativement tristes et désabusés, Je ne suis pas là pour être aimé comporte plein d'espoir et finit par représenter un bel hymne à la vie où il est permis d'aimer peu importe les différences, et où le goût de vivre peut ressurgir n'importe quand.

Genre : Comédie
Synopsis : 50 ans, huissier de justice, le coeur et le sourire fatigués, Jean-Claude Delsart a depuis longtemps abandonné l'idée que la vie pouvait lui offrir des cadeaux. Jusqu'au jour où il s'autorise à pousser la porte d'un cours de tango...
Durée : 1h33
Sortie cinéma française : 12 octobre 2005
Nationalité : Film français
Tous publics

Stephane Brize signe un second film simplement magnifique et passionnant où l'on est ébloui par les interprètes, qui se montrent vraiment très convaincants et très touchants.
Je ne suis pas là pour être aimé propose de suivre une très belle histoire d'amour entre un quinquagénaire légèrement dépressif et une quarantenaire sur le point de se marier. A cette histoire d'amour magnifique et touchante, s'ajoute une très belle relation père/fils qui sous sa froideur, nous laisse apercevoir un immense respect mutuel et la fierté d'un père pour son fils. De plus, toujours en gardant à l'esprit que la vie n'est pas que rose ni ne comportant que des bons moments, le cinéaste nous incite à profiter pleinement de la vie pour ne pas regretter plus tard. Si cela semble moralisateur et digne d'un discours les plus simples, l'on comprend juste que la vie n'est pas éternelle et que le fait de vieillir ne doit pas empêcher de vivre.

Ce film est tout simplement envoûtant, émouvant, plein de tendresse et touche le spectateur en parlant avec beaucoup de sincérité et de justesse de la vie, sans jamais tomber dans la caricature ou dans les clichés.
Un très beau film qui transporte le spectateur au rythme du tango tout en le touchant.

Note film : 5/5